On s'était dit.

On s’était dit.

On s’étaient dit bien sûr ce sera pour la vie

Lorsque l’on s’est connus tous deux au paradis

Mais le temps a blanchi nos ardeurs initiales

Tout comme nos cheveux qui se sont fait la malle.

Nous nous étions promis à la vie à la mort

À l’époque où pour ça il ne fallait d’effort

Quand nos corps exultaient pour un oui, pour un non

Tout heureux qu’ils étaient de vivre leur passion.

Le temps a refroidi la lave du volcan

Il a mis un beau jour nos amours à l’encan.

Parfois on se regarde comme en chiens de faïence 

Au vague souvenir d’une ancienne danse.

Nous pensions à partir voyager au long cours 

Bercés à l’envie par des vagues d’amour

Hélas depuis longtemps le bateau est à quai 

Où il a jeté l’ancre, l’amour n’est son laquais.

Nous vivions au début sur de petits nuages

Avec le sourire éclairant nos visages

Las le temps s’est depuis surtout mis à l’orage

Et ce sont des rictus qui traduisent nos rages.

Il y a sur le buffet quelques vieilles photos

Enlacés tendrement on voit deux tourtereaux

On peine à deviner que ces deux étrangers 

C’était nous autrefois tant nous avons changé.

C’est là le lot commun de beaucoup de vieux couples

L’amour est pour nous en proue plutôt qu’en poupe

Il a grandi en force comme nous avancions

La couche de tendresse n’a gommé la passion.

Pierre-Jean BOUTET

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