Blessures invisibles

Blessures invisibles.

Apparemment intacts c’est ce que leurs corps disent,

Pourtant le croiriez-vous c’est là forte méprise. 

Il suffirait alors de regarder leurs yeux,

Pour comprendre à quel point, tout est brisé en eux.

Cassés de l’intérieur, coeur et esprit en vrac

Sans plus de volonté que n’en aurait un sac.

Ils se sont effondrés comme ça sans rien dire

Un jour comme les autres et c’est bien ça le pire !

Hier ils étincelaient comme au mieux de leur forme 

Faisant feu de tous bois, pour eux c’était la norme.

Et puis d’un coup soudain, la flamme s’est éteinte 

Sans que personne entende venir la moindre plainte.

Ils sont allés trop loin, au delà du possible 

Se sont heurtés alors aux barrières invisibles

On leur demandait plus qu’ils ne pouvaient fournir,

Et ils ont trop souffert de n’y point parvenir.

Ces hommes et ces femmes dont on veut ignorer

Qu’on en use souvent comme on fait de jouets.

Étonnez-vous alors que le jouet se casse

Et cède à la pression, mais c’est de guerre lasse.

J’ai vu, de mes yeux vu, toute cette violence

Qui s’exerce sur eux sans qu’on en ait conscience.

Le monde du travail, partout impitoyable

Exige à toute force qu’on se montre capable.

Ce sont de grands brûlés aux blessures invisibles

Pour les guérir de ça, c’est long et difficile.

Retrouver la confiance en eux, réentendre leur voix

C’est un bien long chemin, bien plus que ce qu’on croit.

Pierre-Jean BOUTET