4 octobre 2020
Canapé défoncé
Canapé défoncé.
Dans un coin du salon il gît là, défoncé
Avec ses trois coussins de vieux cuir tout griffé
Il ne paie pas de mine cet ancien canapé
Pourtant combien de nous, pour aimer s’y vautrer ?
Il ne ressemble en rien à ceux dans la vitrine
De ces grands magasins, qu’on vend à coup de primes
Ceux aux flancs rebondis et au cuir de couleur
Qui sont censés choyer nos fesses et nos douleurs.
Mais lui seul bien épouse, qui sait par quel miracle ?
Vos formes et vos os sans opposer d’obstacle.
Tout comme s’il gardait au sein de sa carcasse
La mémoire de nous, bien qu’on l’escaguasse !
On a été tenté un jour de remplacer
Le meuble trop usé, se disant c’est assez !
Tandis que le récent ne sert que d’ornement
Sur le vieux canapé, on s’installe souvent.
Dans un coin du salon un peu loin des regards
Comme si on était honteux de ce vieillard,
Gît fidèle et complice un sofa d’autrefois
Qu’on garde et qu’on aime un peu par devers soi.
Pierre-Jean BOUTET
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