4 octobre 2020
Le vieux téléphone
le vieux téléphone.
Il gît là oublié sur un bas guéridon
Sa pauvre Bakélite aux reflets d’obsidienne
Ternie par la poussière des années d’abandon
Lui qui sonnait jadis sur une vieille antienne.
À combien de dialogues n’a-t-il pas assisté
Échanges amoureux, invectives sournoises
Et combien de salive dedans son combiné
N’a-t-elle pas coulé de tout ce qu’on dégoise.
Que voilà un objet autrefois familier
Auquel on suspendait bien de chaudes impatiences
Auquel on confiait en complète insouciance
Secrètes confidences et timides baisers.
Son cadran proposait bien des combinaisons
Des appels on pouvait en faire à foison.
Rappelez-vous quel soin pour noter sans erreur
Le numéro chéri de qui tenait son cœur !
Son fil que l’on tirait pour aller converser
À l’abri des oreilles dans des coins éloignés.
Combien on le serrait alors contre sa bouche
Pour mieux y chuchoter des mots qui feraient mouche.
À présent méprisé car bien trop dépassé
Il gît là oublié sur un bas guéridon
Sa pauvre Bakélite aux reflets d’obsidienne
Ternie par la poussière des années d’abandon.
Pierre-Jean BOUTET
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