Les voiles sombres.

Les voiles sombres.

Combien de temps encore les tiendrais-je à distance

Tous ces monstres cachés qui me guettent dans l’ombre.

Qui projettent sur moi et sur mon existence

Ces voiles aux couleurs noires et de plus en plus sombres.

Je les sens là, tapis, mais progressant sans bruits

Semant leurs viles graines qui deviendront des fruits.

Les fruits de la vieillesse, qui hélas s’en nourrit,

Quand toutes les promesses se seront bien enfuies.

Tous ces renoncements, tous ces retranchements

Ces pertes accumulées, ces faiblesses acceptées. 

Ces voiles qui estompent, ces élans qui retombent

Cela montre déjà le chemin de ma tombe.

Comment ne me réjouir de profiter encore

Du soleil sur ma peau, du chant de ce ruisseau

Du baiser plein d’amour qui réveille mon corps

De ce vin gouleyant, d’un savoureux cuisseau ?

Je les sais là tous près, ces doutes insistants

Qu’il ne m’empêchent pas de goûter au présent.

J’accueille avec plaisir ces cadeaux de la vie

Que je goûte d’autant, que je sais ce qui suit.

Pierre-Jean BOUTET