Vide

Vide

Tant de gens rêvent encore à un homme immortel
Qui braverait la gloire même du Dieu éternel
Qui ne verrait de fin à sa propre existence
Pour qui le temps n'aurait plus la moindre importance.

Un homme souverain sur lequel glisseraient
Comme l'eau sur des plumes bien des milliers d'années
Un homme qui n'aurait comme seule obsession
Que de renouveler à plaisir ses passions.

Car même immortel, ne vous y trompez pas
L'homme reste un homme proche de l'animal
Prisonnier de sa chair et des fortes pulsions
Dont toute entière elle tremble à longueur de saisons.

Serait fini l'urgence qui pousse le savant
A trouver les mystères qui le poussent en avant
À enrichir toujours les pauvres connaissances
Qu'un jour il transmettra à quelque descendance.

Je plains l'homme immortel que gagnera l'ennui
Enfermé dans un corps qui jamais ne vieillit
Figé comme une bulle sur qui glisse le temps
Prisonnier à jamais des mêmes mouvements.

Car l'amour et la mort sont pour nous des ferments
De forte exaltation de tous nos sentiments
Sans connaitre le piment que leur donne le temps
L'homme serait statue, très vide en dedans.

Pierre-Jean BOUTET
cambredaze.canalblog.com