La bibliothèque

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Tu m'as, sais-tu, libéré de mes chaînes

Le jour, je m'en souviens, où tu m'as dit je t'aime

Tu as ouvert la porte, à mon coeur prisonnier

Ainsi a pu éclore notre amour singulier.

J'étouffais étranglé de trop de solitude

Je souffrais isolé et sans sollicitude

Ignoré par tous ceux qui avait l'habitude

De me voir, sans me voir, attablé à l'étude.

Tu t'es penchée vers moi accoudé à ma table

Tu m'as souris je crois et dit d'un air aimable

Pouvez-vous m'indiquer où trouver cet ouvrage

Il est, vous le voyez, inscrit sur cette page.

J'ai levé lentement les yeux vers cette voix

Qui chantait mélodieuse ces paroles vers moi

J'ai vu lors un visage si nimbé de lumière

Que je l'ai cru sorti d'une de mes prières.

J'ai bafouillé des mots ce qui t'as fait bien rire

Je t'ai guidé tout droit le visage de cire

Vers les rayons chargés de ces milliers de livres

Qui comme moi je sais qu'à présent ils t'enivrent.

Tous les jours qui ont suivi nous avons discuté

Fiévreusement parfois autour de ces traités

Nos deux intelligences si bien elles s'accordaient

Que nos corps ont suivi ce chemin tout tracé.

A présent nous tenons la grande bibliothèque

Nous en sommes gardiens et premiers usagers

Quelques rayons secrets abritent nos têtes à têtes

Et je dois l'avouer nos corps à corps muets.

Pierre-Jean Boutet

cambredaze.canalblog.com