Pitié, de l'ombre !
Pitié, de l’ombre !
Assis sur la grand place à l’ombre des parasols
Etourdis de chaleur, hébétés, assoiffés
Eblouis de lumière reflété par le sol
Nous sommes à nos sièges, comme on dirait scotchés.
Le ballet des passants qui passent sans tarder
Recherchant la fraîcheur qui règne du bon côté
Des rues de cette ville, nous fait bien somnoler
Le temps s’est arrêté en milieu de journée.
Où sont donc les platanes qui jadis nous faisaient
Une pause bienfaisante sur les places ombrées
On y jouait aux boules, après un bon pastis
Dans cette animation qu’encourage l’anis ?
Que tout est minéral dans cette grande ville
Tout n’y est qu’artefact et vitrines qui brillent
Dans ce piège à touristes nous sommes englués
Même les rares artistes, en sont découragés.
Faut attendre le soir pour conquérir la place
Quand la brise fraîchit les pavés surchauffés
Alors cèdent les lieux, tous les marchands de glace
C’est le tour des familles de venir y flâner.
Où sont-ils donc passés ces malins urbanistes
Qui savaient nous bâtir des villes en artistes
Leurs ruelles ombrées où il faisait bon vivre
Même quand le soleil aussi vous rendait ivre ?
Tout se croise au carré dans l’agglomération
Les larges avenues s’y exposent sans pudeur
Exhibant leur surface sous mille projecteurs
Sans laisser un espace à couvert des rayons.
Faut qu’arrive la nuit pour que se créent des ombres
Que le jour baisse un peu et qu’il fasse plus sombre
Echapper à Phébus qui a pris du repos
Pour se sentir enfin presque frais et dispos.
Pierre-Jean Boutet