Otage
Un espace à peine, un interstice au vrai
C’est que je vois très peu dans cette obscurité
Au fond de ce cachot où je suis enfermé
Un seul trait de lumière est comme un jour d’été.
Des mois que je végète dans cette saleté
Des mois ou des années je ne peux les compter
Il y a trop longtemps que l’on m’a enlevé
Un jour ai je été libre, je l’ai peut être rêvé ?
Un mauvais matelas de vermine infesté
Une assiette en métal, un vieux pot écaillé
Un trou dans la poussière, là où me soulager
C’est là ma vie entière, dans six mètres carrés.
Des sons qui me parviennent, y en a que je distingue
Des pleurs, de la colère, et des cris de souffrance
Des gens que l’on torture, je suis si loin de France
Dans ce climat de peur, je vais devenir dingue.
Parfois je désespère, sortir de cette misère
Est ce qu’on m’a oublié, on me croit mort peut être
Mes geôliers un jour, m’ont pourtant assuré
Qu’une rançon pour moi a été demandée.
Pour tenir je m’accroche à l ‘image de mes proches
Mais leurs visages s’estompent au fil du temps qui passe
Je n’ai plus qu’un objet au fond d’une de mes poches
Un vieux mouchoir souillé, trace de mon passé.
Pour pas devenir fou, tenir au fil des jours
Je récite des poèmes appris dans mon enfance
Des chansons bien naïves, ou des chansons d’amour
Qui me rappelle le temps que je vivais en France.
Alors un jour peut être, on va venir me prendre
Un sac dessus la tête et les mains bien liées
Pour m’emmener au lieu où on pourra me rendre
Ma chère liberté qui a été négociée.
Je l’ai vu quand j’étais travailleur étranger
Des otages libérés après longs mois d’attente
Fruit de négociations menées en grand secret
C’est peut être cela que maintenant on tente.
Pierre BOUTET
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