Dehors

Petit matin brumeux, le gel a blanchi l'herbe
Dehors tout est figé, le silence est superbe
Une brise tenue vient caresser les arbres
Les branches y paraissent, comme coulées dans le marbre.

A travers la fenêtre, blotti près du grand poêle
Je ressens la nature en arrêt, en attente
Derrière tout ce calme, les tensions sont patentes
Toute la vie se tient prête à prendre les voiles.

Le printemps est bien loin mais l'espoir est tangible
Malgré les apparences la mort n'a pas gagné
La vie est toujours là, tapie et aux aguets
Prête pour des élans qu'on sait irrésistibles.

Tandis que la chaleur qui m'entoure et me baigne
Me fait un doux îlot au milieu de ce givre
Mon esprit me souffle mille mots à écrire
Ma peau est émotion, je sens qu'elle s'en imprègne.

La montagne dessine la ligne de ses crêtes
Un soleil est levé, tendrement les éclaire
Une lumière nait sur le monde et elle prête
Des couleurs au moment, l'hiver à ma fenêtre.

La vitre qui protège mon intérieur douillet
Est frontière intangible entre ce monde et moi
Je reste spectateur attentif, en émoi
Tout à l'heure dehors j'irai me hasarder.

Une bruine invisible enrichit la rosée
Un oiseau sur un fil immobile est posé
Le tintement des cloches accompagne un troupeau
Les meules dans les champs semblent des dominos.

Pierre BOUTET

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