Un beau lied de Shubert
Un beau lied de Schubert.
Il m’arrive parfois d’être encore enjoué
Le rire me secoue tout comme un prunier
Je parviens quelquefois avec d’autres à jouer
Si j’oublie un moment tout ce qu’on peut nier.
Mais l’angoisse revient qui m’a gorge étreint
Des dangers qui s’annoncent je suis bien trop empreint
Envahi chaque fois par tout ce que je crains
Que vienne à disparaître tout ce qui fait l’humain.
Pourtant tout continue comme si ce n’était rien
À peine parle-t-on de problèmes sans liens
Avec nos choix de vie, ce qu’on devrait changer
Pour chasser loin de nous ces terribles dangers.
Ce qui défile alors tous les jours sur l’écran
Semble si dérisoire au regard de l’urgent
Autant de faits divers ou chroniques de guerre
Qui masquent l’essentiel de l’avenir sur terre.
Je suis sur le bateau et je vois l’iceberg
Mais l’orchestre lui joue un beau lied de Schubert
J’ai beau crier alerte, les autres ne m’entendent
Trop occupés à jouir, tout au plaisir à prendre.
Pierre-Jean BOUTET