6 octobre 2020
Complice malgré lui
Complice malgré lui.
Je sais que j’aurai beau pleurer ou tempêter,
À notre sort funeste, n’y pourrai rien changer.
Alors plutôt chanter la vie et la fêter
Que déplorer sans cesse la montée des dangers.
Qui ne regarde ailleurs devant l’inéluctable
Qui ne préfère d’ailleurs goûter au délectable ?
Nous sommes d’une pâte sensible aux délices
Nous aimons approcher nos lèvres du calice.
Aussi je fais semblant que d’y croire encore
Abusant mes pensées, des beautés du décor.
Aussi je me réjouis des lueurs de l’aurore
Je savoure à plus soif quand exulte le corps.
Mais je sens tout au fond l’étreinte de l’angoisse
Que nourrit chaque jour la pression de nos poisses.
Une ombre insistante flotte comme un drapeau
J’essaie de n’aller voir dans le coin du tableau.
J’ai vu changer le monde en quelques décennies
J’ai vu s’accumuler bien trop de vilenies.
Il a fallu des siècles pour en arriver là
Juste quelques années, pour que sonne le glas.
Mes yeux à peine ouverts ont pu bien s’étonner
Des merveilles du monde, mais aussi s’affliger
Des blessures que l’homme a su leur infliger.
S’efface à présent, ce qui était donné.
Je suis l’un de ces hommes impuissant et complice
Souvent à son insu qui hélas participe
En dépit des valeurs, en dépit des principes
À suivre de ces voies qui mènent au précipice.
Pierre-Jean BOUTET
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