La toile de nos rêves.

La toile de nos rêves.

Il n’est point de vertu qui ne cache faiblesse

Car rien n’est parfait puisque la chair nous blesse.

Quand la blanche colombe rêve de s’élever 

Le rat qui dort en nous, s’emploie lui à creuser.

Qui ne préférerait ne recourir qu’aux ailes 

Pour se voir emporter bien plus haut que le ciel ?

Mais nos griffes sont là obstinées qui déchirent

La toile de nos rêves, jusqu’à nous rendre ivres.

Un miroir à deux faces tout comme était Janus

Parfois l’une sur l’autre de la force en a plus.

Derrière la grimace que de nous il renvoie 

Se cache une autre farce et un autre minois.

Nous sommes pour nous mêlés auteur de comédie 

Acteur hélas nous sommes dans cette pièce aussi.

Un acteur bien fantasque qui s’écarte du texte

De toute tentation, il va tirer prétexte.

Nous sommes des marionnettes agitées sans répit

Par le marionnettiste que nous sommes aussi. 

Car point il n’est besoin d’inventer diable ou Dieu

Étant tout à la fois admirables et odieux.

Pierre-Jean BOUTET