17 mai 2020
Suffirait-il d’écrire ?
Suffirait-il d’écrire.
Suffirait-il de bien écrire, habile à agencer les mots
Si l’on n’avait grand chose à dire, à propos ?
Quel que soit le costume c’est bien ce qu’il habille
Qui compte à mes yeux et qui fera qu’ils brillent.
Parfois les maladresses d’une phrase bancale
Me feront plus d’effet qu’un vers impeccable.
Si j’y sens là vibrer jusqu’au fond de ma moelle
L’émotion qui jaillit de façon improbable.
Même une plume habile ne cache l’artifice
De celui qui écrit sans aucun sacrifice,
Qui n’a connu toujours qu’une vie trop facile
Qui n’a bougé en lui pas même un de ses cils.
Je préfère l’élan même un peu maladroit
De celui qui exprime jusqu’au bout de ses doigts
Ses troubles remuements ou ses questions sans fin
Que celui qui écrit comme un aigrefin.
Car la vie n’a de goût que celle du piment
Qu’y mettent ici et là de bien grandes souffrances.
La saveur du bonheur est celle de l’absence
De ces nuages sombres qui troublent notre temps.
Lorsque j’écris je vis, où je revis, bien plus
Tout ce qui m’a construit et autre chose en sus
Cette once de recul que donne l’expérience
Bien au delà du sens qu’y donnent nos cinq sens.
Pierre-Jean BOUTET
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