Apothéose
Apothéose.
Des bûches empilées quel spectacle ordinaire
Sous l’auvent des maisons contre leurs murs de pierres.
Qui chantera alors qu’elle en est l’histoire
Comment ce bout de bois aura son jour de gloire ?
Elle n’a pas toujours été ce vil tronçon
Elle appartenait à d’autres frondaisons
A un arbre croissant au cœur d’une forêt
Avant que ne s’abatte sur lui le couperet.
Que de troncs mis en tas tout au bord des sentiers
Que des marchands de bois viendront pour emporter,
Pour les soumettre à la scie implacable
Qui les débitera en morceaux inflammables.
La bûche avec bien d’autres de ses sœurs de fortune
Sera alors livrées pour des fins opportunes
À des gens désireux de pouvoir bien goûter
À la chaleur du bois au cœur de leurs foyers.
Elle sera reprise beaucoup de fois ensuite
De l’abri sous l’auvent jusqu’à faire une pile
Tout près du vieux poêle ou de la cheminée.
Elle sera prélevée pour les alimenter.
Pour finir en beauté au cœur d’un beau brasier.
Pour partir en fumée en ayant dispensé
Une douce chaleur, une douce lumière
Le temps de prononcer quelques lentes prières.
C’est là un point de vue que cette apothéose
Même contée en vers ou déclinée en prose.
Comment pouvons nous donc disposer de ces choses ?
Sans doute en prétendant que leur destin est rose.
Pierre-Jean BOUTET