La plume paresseuse

La plume paresseuse.

La plume que l’on chante et que l’on dit légère 

Pèse pourtant souvent, du poids qu’a l’enclume.

Quand point ne la visitent les rêves ou la fièvre 

Qu’elle n’est soulevée par les feux qu’ils allument.

La plume dont on dit qu’elle court très allègre 

Pour effleurer la page et y semer les mots,

Se montre paresseuse ou pire d’humeur aigre

Si point ne la soulève, la muse, de son flot.

La plume que l’on croit mutine et vagabonde

Qui grappille les mots dont son encre abonde,

Repose immobile, pour ne pas dire inerte,

Entre les doigts navrés d’un impuissant poète.

La plume que l’on prie de s’animer un peu

qu’on voudrait inspirée par un esprit fiévreux, 

Se contente d’équiper un stylo ordinaire

Qui n’a pas plus d’esprit, que n’en a une pierre.

Quel que soit l’instrument, il équipe le geste 

Et quel que soit le geste, c’est l’esprit qui du reste,

Donne vie, donne sens à tout ce qu’il produit

Objets inanimés, sachez c’est bien ainsi.

Pierre-Jean BOUTET

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