Mes plates-bandes

Mes plates-bandes 

Ne venez pas poètes là sur mes plates-bandes 

Je veux être le seul triste dans la bande

Si vous vous y mettez vous aussi à pleurer

C’est un lac de larmes qu’il faut bientôt creuser.

Brodez des vers joyeux, glorifiez la vie

Dissipez bien les ombres qui pèsent à l’envie

Laissez moi donc tout seul dans les recoins trop sombres

Où nous ne devons pas roder ainsi en nombre.

Si vous vous y mettez à douter comme moi

Que le meilleur attend ce qui viennent après nous

Lors je vous en conjure et fut-ce à genoux 

N’allez pas vous perdre dans ces lieux avec moi.

S’il y a trop de Cassandres à annoncer la fin

Je vais moi même y croire et ce sera la fin 

Des rares illusions que je nourris encore 

Alors ça reste à vous, d’avoir l’espoir au corps.

Restez ces joyeux drilles amoureux de la vie

Tous ces zinzins si drôles au bord de la folie

Moi je vous le promets, je ferai des efforts 

Pour ne plomber l’ambiance en parlant trop de mort.

Pierre-Jean BOUTET