Sources.

Sources.

Tant de sources en moi qui jamais ne tarissent

Déversant leur trop plein dans mes vers de Narcisse

Je ne cesse de boire ainsi mes propres eaux

De peur d’être noyé au milieu de leur flots.

L’une d’entre elle déverse un amour infini

Pour les gens, pour les choses, pour tout ce qui est en vie,

Elle n’a d’autre désir, elle n’a d’autre envie

Que de voir le bonheur et la joie pour autrui.

Une autre se répand en propos plutôt sombres

La somme de nos peurs avance dans son ombre

Elle chante des hommes toutes les erreurs

Elle dénonce la part qu’ils jouent dans nos malheurs.

Si je vous dis qu’une autre de tout s’émerveille 

D’une aube, d’un oiseau, d’un coucher de soleil 

Qu’elle crie notre terre à nulle autre pareille

Qu’elle s’abreuve à aimer comme au jus de la treille.

Enfin il en est une qui bien sûr tient la plume,

Qui rebat tous les mots sur la page enclume

Qui en extrait le sens au milieu de la brume

Qui les assemble enfin en une fine écume.

Je suis source des sources, je me vide sans fin

De dire et d’écrire apaisent un peu ma faim

Je sais qu’il me faudra écrire le mot fin

Mais quand viendra ce jour, qui me tiendra la main ?

Pierre-Jean BOUTET

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