Ivresse

Ivresse

Qu'il est donc loin ce temps où j'étais plein de fougue

Mon cœur battait si fort mais dépourvu de morgue

Ma vie était musique sous le clavier de l'orgue

Jouée par un grand fou bien assis sur son pouf.

Elle n'avait de sens, elle était brillante

Elle allait au delà de minuit tapante

Brûlée par les deux bouts elle était si vaine

Elle coulait très fort comme une fontaine.

Elle n'avait de but sauf consumer l'instant

Vivre à fond le moment sans peur du lendemain

Jusqu'au jour me souviens où j'ai trouvé ta main

Je n'avais de conscience de ce prix qu'a le temps.

Dès lors j'ai savouré tous ces présents précieux

Que la vie nous propose dans ce qu'elle a de mieux

J'ai compris dans ma chair que les roses se fanent

Que même un teint de pêche couve une fin infâme.

Si la vie à un sens c'est pour bien mieux en jouir

Sans regrets, sans remords, ni de jour, ni de nuit

La suite inéluctable de ces jours qui s'enfuient

Tous ces moments fugaces qu'on voudrait retenir.

Il est donc venu ce temps où j'ai acquis sagesse

Où je sais que jouissive elle peut être l'ivresse

De savoir et connaitre qu'elle place est la sienne

Dans l'univers immense et ce quoiqu'il advienne.

C'est là à tes côtés que je me sens entier

Que j'éprouve une joie que j'aime à exprimer

C'est mieux la ressentir, c'est bien l'amplifier

Que dire à quel point ce jour je puis t'aimer.

Pierre-Jean BOUTET

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