Elles ne jaillissent de rien
Elles ne jaillissent de rien
Sur les cordes du rêve se promène un archet
Qui des images lève aux mémoires arrachées
Il est des nuits propices aux songes les plus fous
Que l'on vive à Tolède ou dorme à Corfou.
Du musicien les notes enflent comme le blé
Du poète les mots soufflent l'or des pensées
Du peintre les couleurs chantent un air léger
Du sculpteur de la glaise c'est un esprit qui naît.
Le besoin de créer demeure un mystère
Même pour les rêveurs il y a dans leur œuvre
Une envie de beauté fragile comme le verre
Qui les prend dans ses bras généreux de pieuvre.
Sur les rives des songes paresse l'incréé
Ébauche de vertiges qui peuvent les bercer
Il est des ponts sublimes par où pourra passer
Vers les doigts des artistes la céleste coulée.
Que la magie opère, que jaillissent de rien
Ces ondes de l'informe qui vont vers la lumière
Les médiums inspirés inscriront dans la pierre
Le papier où les sons, leurs travaux aériens.
Pierre-Jean BOUTET