Quiproquo

Quiproquo

Dans mon cœur ça battait comme une grosse cloche
Plutôt comme un bourdon tant le son était grave
Ça me faisait toujours cela à son approche
Je n'arrivais jamais à être assez brave

Assez entreprenant pour oser l'aborder
Elle était si lointaine vous me comprenez,
Moi, petit gars des rues, quasiment un gavroche
Elle bien habillée avec bijoux et broche.

Je regardais passer vision enchanteresse
Cette fille de rêve avec ses grandes tresses
J'étais paralysé béat d'admiration
Et elle, elle passait, sans aucune attention.

Elle n'était jamais seule entourée de sa cour
Bien sur quelques autres filles mais aussi des garçons
Elle accordait parfois comme reine en sa tour
Quelques sourires rares comme autant de dons.

Les années ont passé et ce vieux souvenir
Ronge encore la mémoire du gamin ébloui
L'autre jour j'ai croisé une femme au marché
Qui m'a fort rappelé la fille dont je rêvais.

Mais j'ai eu quelque peine à m'en persuader
Des revers de fortune l'avait je crois frappée
Sa mise était modeste et sa morgue envolée
Et elle était seule, personne ne l'entourait.

Je me suis lors risqué à m'adresser à elle
A ma grande surprise elle s'est tournée vers moi
Avec un grand sourire elle m'a demandé pourquoi
Lorsque nous étions jeunes je me tenais loin d'elle.

Elle n'était pas dupe en ces temps de richesse
De l'intérêt de ceux qui tout autour se pressent
Elle manquait alors de véritables amis
De ceux qui savent dire ce qui n'est pas permis.

Elle avait remarqué tous les jours sur ses pas
Ce garçon si timide et muet de surcroît
Ne voulant l'effrayer encore davantage
Ne pas le provoquer lui avait semblé sage.

Caprices du destin, après ce quiproquo
Hasard de la rencontre comme un joli cadeau
Voilà que les chemins se croisent à nouveau
Et ouvrent à deux cœurs un horizon plus beau.

Pierre-Jean BOUTET
cambredaze.canalblog.com