Friches

Friches

Le mur est gris et lisse, minuscule cuisine
Par la vitre salie au loin on voit l'usine
Assis devant la table la tête dans les mains
Un homme s'interroge que sera donc demain ?

Dans un coin a glissé la rouge banderole
Où de ces ouvriers est inscrite la parole
Est-ce un baroud d'honneur pour un combat perdu
Un dernier coup de cœur pour des hommes vaincus.

Pot de terre, pot de fer on connaît bien l'histoire
Le pouvoir est ailleurs, le reste est dérisoire
On a sucé leur sang et celui de la terre
La mine est épuisée, on sait celui qui perd.

Alors quel avenir pour celui qui a trimé
Depuis l'adolescence dans la mine à creuser
Qui n'a de compétences que celles de ses mains
Qui n'a de perspective que de passer la main.

Combien de vies brisées alors que hier encore
Ils portaient fièrement leurs tenues de mineurs
Ces hommes courageux de ceux qui n'ont pas peur
Que d'aller si profond qu'on y entend son cœur.

Alors ils vont tenir ce sont des hommes rudes
Solidaires entre eux, ils sauront faire front
Devant ces margoulins qui ont fait des études
Mais ne connaissent rien au travail dans le fond.

D'une façon ou l'autre ils iront au charbon
Si ce n'est à la mine, ils veulent une solution
Des enfants à nourrir aussi à élever
Qui ne méritent pas qu'on les laisse crever.

Il relève la tête, et se lève d'un seul bond
Il prend la banderole, passe la porte en trombe
Il ressent sa colère, ne veut qu'elle retombe
Avant la réunion avec tous ces patrons.

On connaît trop la suite, les promesses non tenues
Des responsables en fuite, et le vide des rues
C'est pire qu'une guerre car on n'y reconstruit
Il n'y a que des friches, là où était la vie.

Pierre-jean BOUTET
cambredaze.canalblog.com