Tristes évidences
Tristes évidences
Où est la poésie dans ce monde moderne,
Où la lumière crue efface les nuances ?
Où est passé l’espace pour des rêves qui dansent ?
Des couleurs soutenues mais un esprit si terne.
Moi j’ai la nostalgie des intérieurs obscurs
De la flamme qui danse sur les bûches dans l’âtre
Des lueurs fugitives qui jouent sur les visages
Des vapeurs volatiles au sein des paysages.
Des formes épurées bien tracées au cordeau
De grandes baies vitrées le soleil entre à flots
Le métal et le verre sous ampoules de led
Des meubles disposés aux lignes plutôt raides.
Ces intérieurs me glacent par trop de transparence
Où sont passées les ombres chassées sans résistance
Ces petits coins propices où baisser nos défenses
Où cacher ses soucis, pour retrouver confiance ?
Ce qui est suggéré est bien plus stimulant
Tout ce qui est montré s’avère moins tentant
Plus l’imagination vient combler le manquant
Plus poésie y trouve à relever le gant.
Pourquoi vivre sa vie juste au premier degré
Pourquoi se contenter juste des évidences
Je garde pour ma part dans un jardin secret
Le regard que je porte sur toute existence.
Pierre-Jean Boutet