Sur le marbre froid
Sur le marbre froid
Si la fleur du destin refleurit sur sa tombe
Si tu vois un beau jour y flotter comme une ombre
Ne cherche pas longtemps quelle est cette palombe
Qui doucement se pose sur le froid marbre sombre.
C’est l’âme inconsolable de celui qui est parti
Mourir loin de sa belle avant de lui avoir dit
Tout l’amour qu’il avait pour sa bouche jolie
Elle a dépéri, car elle l’aimait aussi.
Il a cru qu’ils avaient une vie devant eux
Se croyant immortel, et qu’ils seraient heureux
Quand il aurait d’abord, cela par ambition
Fait bien ses preuves d’homme, atteint sa position.
Il lui a dit au revoir sans savoir que ce vœu
Serait par le hasard, transformé en adieu
Elle lui a dit reviens moi, dans quelques mois au mieux
Elle pensait un temps court, avant devenir vieux.
Elle apprit par courrier, d’un bateau de retour
Qu’avait péri en mer, l’objet de son amour.
Après avoir pleuré les larmes de son corps
Elle s’est jetée nue, dans les eaux du vieux port.
Désormais sur la tombe où pleure la palombe
On voit aussi marcher une blanche colombe
Les deux oiseaux roucoulent en se lissant le cou
Et sur le marbre froid, il y a comme un redoux.
Pierre-Jean Boutet
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