Pour qui sonne le glas

Pour qui sonne le glas

Chez moi c’est bien la coutume,

Suis encore dans la lune

Et la lampe qu’on allume,

Ne guidera pas ma plume

Car c’est la vie je hume,

Que je chante à la une

Pour planer ça je l’assume,

Car jamais plus je ne fume.

Comme la vie est si brève

Je voyage dans mes rêves

Tout ça avant que je crève

Je veux pas qu’on me l’enlève.

La vie est pleine de sève

Et ce sera donc sans trêve

Que j’y tremperai mes lèvres

Avant que la mort me sèvre.

L’amour est chose admirable

D’en donner j’en suis capable

Je me sentirai coupable

D’en laisser couler le sable

Car il est si délectable

Qu’on essaie d’être aimable

Moi je mets cartes sur table

Et à l’amour je m’attable.

Que laisseras-tu derrière

Dont tu puisses être fier

Si ta vie fut bien entière

Peut-être alors quelques pierres

Tu peux faire une prière

Mais tout est hélas poussière

Toi seul construit les barrières

Où tu feras ta carrière.

Tous ces mots que je combine

Et c’est ça qui me chagrine

Ne sont que des notes fines

Qui s’envolent comme bruine

Je m’en lèche les babines

Il n’en restera que ruine

Le temps met une sourdine

Même aux belles héroïnes.

Désormais je ne m’étonne

De ceux qui passent ou tonnent

A présent moi je m’abonne

Aux choses belles et bonnes

Comme moi tu t’abandonnes

Et aux plaisirs tu t’adonnes

Car nous sommes des personnes

Pour qui bientôt le glas sonne.

Pierre Boutet