Instant d'égarement

Instant d'égarement

Quand les rayons transpercent les persiennes trouées 

Et zèbrent dans la chambre les ombres et la poussière

Quand dans cette pénombre troublée par ces lumières

J'entends les sourds sanglots d'une voix enrouée 

Quand je sors du sommeil encore lourd de la fête

Les membres engourdis et la gorge serrée 

J'essaie de rassembler quelques pensées éparses

Et de chasser ces images qui encombrent ma tête.

J'ai trop bu c'est certain mais ensuite plus rien

J'ai vague souvenir de rires et de fleurs

Mais je vois ce matin que c'est allé plus loin

Dans le lit près de moi une personne pleure.

Je me tourne et je vois sous les draps incarnats

Une forme qui s'agite le dos tourné vers moi

Je ne sais avec qui cette nuit s'est passée

Je ne sais même plus ce qui a pu se passer.

Une tête se montre et là mon cœur tressaute

Comment me suis je mis dans cette tragique impasse

C'est la femme de mon pote qui me montre sa face

Elle aussi réalise l'ampleur de notre faute.

Nous jouions, je l'avoue, un jeu de séduction

Mais plus pour rigoler que passer à l'action

Dans l'ivresse d'un soir les barrières ont sauté

Nous avons été deux, assez fous pour fauter.

Dans les rayons qui passent les persiennes

Nos yeux se sont croisés, nous sommes bien en peine

Nos regards sont gênés et trahis par nos corps

Nous n'avons même pas une once de réconfort.

Vite alors nous quitter, vite vite oublier

Laissez derrière nous cet acte inavouable

Désormais nous ferons tout ce dont on est capables

Pour ne pas en parler et bien nous éviter.

Car voyez vous nous sommes l'un et l'autre mariés 

Membre d'un très beau couple très bien équilibré 

Pas question de les rompre ces histoires d'amour

Cet instant de faiblesse, une faute de parcours.

Nous aurions tout à perdre, vraiment rien à gagner

À confesser la faute, nous y sommes étrangers

C'est l'alcool le coupable et nos rêves secrets

Que nous avons laissé un instant émerger.

Pierre BOUTET

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