Amours interdites
Amours interdites
Des ombres sur le mur, en forme d’arabesques
D’un riche moucharabieh que le soleil projette
Une ombre se déplace, se glisse à contre jour
Tout contre la fenêtre elle regarde la cour
Un homme est assis et il y joue du luth
Un autre l’accompagne jouant dessus sa flûte
Les sons plaintifs s’élèvent jusqu’à la belle captive
Elle se fait furtive, elle est si attentive
La musique qui vient à ses oreilles chastes
Elle lui est destinée au milieu de ce faste
Notre jolie princesse, au visage voilé
Est courtisée, inquiète, par cet homme coiffé
D’un turban coloré cachant ses yeux superbes
De là où elle l’observe, elle aperçoit une barbe
Courte, bien dessinée, à ses doigts sont des bagues
Il porte en guerrier, au côté une dague.
Il sait qu’elle écoute par un message discret
Porté par un porteur aux gestes maniérés
Sans doute un eunuque sorti de ce harem
Mandaté par la femme qu’en grand secret il aime.
Dans ce pays violent sous ce soleil de plomb
Les mœurs sont très sévères sur tout ce qui est question
De rapports amoureux hors des règles imposées
Dans une société pourtant civilisée.
Ce sera en cachette, au périls de leurs vies
Que ces âmes éprises pourront faire l’amour
Priant que leur manège échappe aux vigies
De n’être pas livrés aux repas des vautours.
Chante donc troubadour, issu des sables chauds
Chante donc pour la belle emprisonnée là haut
Rêve jolie princesse à ses bras vigoureux
Rêve à partager vos transports amoureux.
Pierre BOUTET
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