Je n'était qu'un enfant quand la mort m'a surpris...
Une larme nichée dans un coin de mon cœur
Une marque au feu au fond de ma mémoire
Une image entrevue fugitive émotion
Un enfant confronté au tableau de la mort.
J'avais sept ans je crois âge dit de raison
Mais je n'étais encore qu'un modeste oisillon
Un jour comme j'entrais dans la chambre de mes sœurs
Ce que j'y vis alors m'a ébranlé au cœur.
Je ne l'ai pas compris ce moment indicible
Mon père était penché sur ma sœur endormie
Elle était entourée de belles fleurs très blanches
Elle était immobile et elle aussi si blanche.
Je suis vite ressorti avant que mon cœur tremble
Mon père n'a pas bougé, brisé dans son silence
Et j'ai ce souvenir gravé dans ma mémoire
Souvent je le revis, je ressens ces présences.
Les jours qui ont suivi j'ai mal réalisé
Ma sœur était partie, on m'a rien expliqué
Je suis resté longtemps avec ce grand mystère
J'ai compris bien plus tard ce qu'avait vécu mon père.
Je ressens la blessure qui alors s'est ouverte
À comprendre que la vie elle nous était offerte
Qu'on ne savait jamais quand elle prenait fin
Que c'était la leçon de notre commun destin.
Pierre BOUTET
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