Naufragés
La tempête est passée, le navire est brisé
Il n’y a d’autres choix que de l’abandonner
les hommes montent alors sur la coque épargnée
rassemblant quelques biens, ceux qu’ils ont pu glaner.
Avirons tous levés, la barque va aborder
Le rivage est proche, ils se sentent sauvés
les hommes vont se lever, pour tous y débarquer
ils sont si fatigués, qu’ils se sont relâchés.
Alors la vague vient traîtresse et si brutale
En un instant pas plus, elle retourne l’esquif
Les hommes sont pris de court, la surprise est totale
La barque est poussée, éclate sur les récifs.
On voit ici ou là quelques bras frappant l’eau
Paniqués quelques uns s’accrochent aux ballots
Le ressac les entraîne loin du bord salvateur
La plupart engloutis pour leur plus grand malheur.
Les rares survivants qui se sont échoués
Sur cette île oubliée pansent d’abord leurs plaies
Assoiffés, épuisés, ils s’endorment enfin
Sans savoir que demain ils connaîtront leur fin.
Car cette île voilà, n’est pas hospitalière
Elle abrite des tribus de sauvages indigènes
Qui pour s’alimenter, et cela ne les gène
Goûtent à la viande humaine, à défaut d’autre chair.
Oh pauvres naufragés perdus dans ces pays
S’il est un sort funeste, c’est bien le vôtre ici
Vous n’aviez pourtant fait ce voyage fatal
Que pour varier un peu votre vie si banale.
Pierre BOUTET
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